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18 décembre 2007

L'ART DE VIVRE A LA REUNION

La Réunion est un pays où l'on mange beaucoup et bien. Aucun créole digne de ce nom ne se met à table uniquement pour se nourrir, même s'il est de bon ton, pour respecter un vieux dicton, de répéter à l'envi que "goni vide y tient pas debout".
La table créole, vantée par le touriste comme par le zoreil établi au pays, est une palette colorée qui reflète la diversité de nos origines, comble d'aise la vue et l'odorat, et rassure le convive. On sait en s'y installant qu'on en ressortira sans inconvénient plus grave, qu'une indigestion un peu laborieuse pour les gourmands. es derniers on toutefois une excuse : comme pour toutes les bonnes choses, il est difficile de résister à la tentation d'aller plus loin qu'une simple portion raisonnable....  Difficile aussi d'affronter la convivialité d'une hôtesse qui vous invite d'une voix chaleureuse à reprendre "in'ti peu"!
Se faire inviter dans une famille créole ne doit pas uniquement être considéré comme un  honneur. L'amitié, la sympathie y ont toute leur part. On peut être certains que la table sera à la hauteur de la chaleur de l'accueil. Selon ou l'on se trouve dans les bas, dans les hauts, le menu diffèrera sensiblement, il sera de toute façon sublime.
L'institution qui participe pleinement de la qualité de la vie créole, le pique-nique, qualifié ici de partie.
Tel que conçu ici,le pique-nique fait pâlir de perplexité l'observateur non prévenu, le touriste innocent. Il s'agit plus d'une aimable virée entre familiers et amis, d'une banale sortie à peu de frais.Le créole opte pour le seul pique-nique digne de ce nom, le vrai, la  partie créole.
En sortie dominicale , le Réunionnais considère l'affaire avec un sérieux de stratège, il ne veut manquer de rien, n'entend pas être pris au dépourvu. Chaises pliantes, ou de jardin, couvertures pour la sieste sont de sortie. Lorsque
losqu'on se décide à prendre la route, cela ressemble à une honorable expédition-survie; on y emporte le riz, les viandes, les assaisonnements, les boissons diverses, alcoolisées et autres. La glacière est du voyage.... pour les glaçons qui embelliront le martini ou le Perrier qui allongera le whisky. Le vin sera mis à rafraîchir dans un frais ruisseau si l'on se décide pour les bord de la rivière, ou sous les herbes encore humides dans les Plaines ou en forêt. jeux de cartes, dominos (que serait le créole de base sans ses chers dominos), boules de pétanques effectuent le voyage. Un pique-nique ainsi conçu se déroule sur une journée entière : on dinera sur place avant la tombée de la nuit car l'occasion est trop rare pour écourter le plaisir.
Joyeuse et animée, la journée sera pleine des bruits de cuisine qui rythment généralement la journée d'une maitresse de maison. Mais cette fois, la brave femme ne sera pas seule aux "fourneaux", chacun ayant à coeur d'apporter sa pierre
à un édifice que l'on sait réussi d'avance. Là où cela est permis, on allumera des feux plutôt que de réchauffer des plats tout préparés sur un camping gaz.  Une joie supplémentaire que celle procurée par cette recherche du bois mort, de la paille des brindilles, la cérémonie de l'allumage du foyer.... Le calou pilon est là, car un bon rougail tomate se prépare au dernier moment.
Sur les tables pliantes ou dans les aires aménagées, bouteilles et bocaux d'épices s'alignent, les couteaux tranchent les viandes, émincent les oignons. A cette agitation, les hommes ne sont pas les denriers à prendre leur part car le bonhomme créole est souvent aussi bon cuisinier que son épouse. Il met même un point d'honneur à le prouver de façon immédiatement palpable.C'est souvent lui qui prépare et surveille la cuisson des brochettes, ces aimables amuse-gueule qui préfigurent une suite substantielle.

La musique est présente..... parfois même dérangeante mais personne ne semble être dérangé et ne va surtout pas le dire!. Encore la tradition : lorsque le cuisinier a fini de touiller son cari, il témoigne sa satisfaction du devoir accompli en frappant vigoureusement le manche de sa cuillère sur le bord du récipient, comme il le fait chez lui. Cela ne sert strictement à rien, cela n'améliore ni le plat ni le manche de la cuillère, mais pas un cordon bleu n'agirait autrement, parce que c'est comme çà et qu'une tradition ne se discute pas.


la suite de cet article, un petit lexique créole

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